1. L’équilibre des comptes sociaux dépend beaucoup de la démographie : c’est après 60 ans que l’on reçoit beaucoup de prestations de protection sociale…


Les dépenses de protection sociale recouvrent à la fois des transferts en espèces (pensions de retraite, allocations chômage, RSA…) et des dépenses en nature, comme les soins pris en charge par la sécurité sociale.

En moyenne, les dépenses de protection sociale dont bénéficie une personne âgée sont beaucoup plus importantes que celles dont bénéficie un jeune. De fait, la retraite n’intervient le plus souvent qu’après 60 ans et l’état de santé a tendance à se dégrader avec l’âge.

En 2019, les dépenses de protection sociale ont été en moyenne de :

Cliquez sur le graphique et passez votre souris dessus pour obtenir des informations supplémentaires.

Source : Comptes de transferts nationaux.

2. …alors que ce sont les personnes de 25 à 55 ans qui assument la grande majorité du financement.


Le financement de la protection sociale repose sur : les cotisations sociales patronales et salariales ; divers impôts et taxes affectés à la protection sociale, dont la contribution sociale généralisée (CSG) représente les six dixièmes ; des contributions publiques versées par l’Etat.

C’est entre 25 et 55 ans qu’on contribue le plus au financement de la protection sociale, notamment via les cotisations sociales qui reposent uniquement sur les revenus du travail.

En 2019, les contributions annuelles au financement de la protection sociale ont été en moyenne de :

Cliquez sur le graphique et passez votre souris dessus pour obtenir des informations supplémentaires.

Source : Comptes de transferts nationaux.

3. Or, la population française vieillit.


Entre 1979 et 2019, la population française a vieilli. On compte moins de personnes entre 4 ans et 32 ans, mais beaucoup plus de personnes de plus de 32 ans.

En particulier, à 70 ans, les effectifs étaient de

NB : en 1979, on observe deux creux, autour de 37 ans et autour de 62 ans. Ils correspondent aux classes creuses nées, respectivement pendant la Deuxième Guerre mondiale et pendant la Première Guerre mondiale.

Cliquez sur le graphique et passez votre souris dessus pour obtenir des informations supplémentaires.

Source : Insee.

4. Et ce vieillissement doit se poursuivre dans les décennies qui viennent.


Dans les prochaines décennies, le vieillissement de la population française va se poursuivre.

L’animation ci-contre indique que ce sont surtout les effectifs des plus de 70 ans qui vont beaucoup augmenter (pour lancer l’animation, appuyer sur le bouton “Play”).

On a retenu ici le scénario central des projections démographiques de l’Insee pour les années post 2020. Mais le vieillissement de la population se retrouve dans tous les scénarios démographiques, car il est inscrit dans le passé démographique de la France.

En effet, le vieillissement à venir résulte du remplacement des générations peu nombreuses nées entre les deux guerres par les générations nombreuses du baby-boom. Il est donc la conséquence de changements dans la natalité passée de la France.

Source : Insee.

5. Le vieillissement de la population va exercer une forte pression sur les finances sociales des 20 prochaines années…


On simule ici ce qu’auraient été les dépenses et les recettes de la protection sociale en 2019 avec une struture par âge de population différente (appuyer sur “Play”). On raisonne à niveau inchangé, à chaque âge, de prestations et contributions par tête.

Si en 2019, la population française avait eu la structure par âge attendue en 2040, les dépenses de protection sociale auraient été supérieures de 102 milliards d’euros à leur valeur réellement observée. Les recettes, elles, auraient été inférieures de 20 milliards d’euros. Le solde de la protection sociale aurait donc été dégradé de 122 milliard d’euros par rapport au solde observé en 2019.

Le vieillissement à venir dans les 20 prochaines années va donc exercer une pression importante sur les finances sociales.

Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs France Stratégie.

6. …mais cette pression sera comparable à celle à laquelle on a dû faire face ces deux dernières décennies.


On simule cette fois ce qu’auraient été les dépenses et les recettes de la protection sociale en 2019 avec la struture par âge observée en France dans le passé, en remontant jusqu’à l’année 1999.

Si, en 2019, la population française avait eu la structure par âge constatée en 1999, les dépenses de la protection sociale auraient été inférieures de 85 milliards d’euros à leur valeur observée, et ses recettes auraient été supérieures de 15 milliards d’euros. Le solde de la protection sociale aurait été donc amélioré de 100 milliards d’euros.

L’amélioration du solde de la protection sociale simulée avec la structure par âge d’il y a 20 ans (animation ci-contre) est du même ordre de grandeur que sa détérioration simulée avec la structure par âge attendue d’ici 20 ans (animation précédente).

Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs France Stratégie.

7. Dans le passé, le lien entre vieillissement et évolution des comptes sociaux n’a pas été mécanique. Ni côté dépenses…


Le graphique ci-contre permet de comparer sur quatre décennies l’évolution observée des dépenses de protection sociale et l’impact mécanique sur les dépenses de la déformation de la structure par âge.

L’impact mécanique du vieillissement est estimé en fixant, à chaque âge, le niveau de dépenses par tête à son niveau observé en début de chaque décennie.

Globalement, l’impact mécanique du vieillissement a tendance à se renforcer au fil des décennies. Mais l’évolution des dépenses, dans le passé, n’a pas systématiquement suivi le rythme suggéré par l’effet du seul vieillissement.

Durant la décennie 1980, les dépenses ont crû plus vite que ce que suggère le seul effet vieillissement. C’est le contraire sur la dernière décennie : la croissance de dépenses, importante, a été inférieure à celle suggérée par le seul vieillissement.

Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs France Stratégie.

8. …ni côté recettes.


On compare ci-contre l’évolution observée des recettes de la protection sociale à l’impact mécanique de la déformation de la structure par âge sur ces recettes. L’impact mécanique du vieillissement sur les recettes est estimé en fixant, à chaque âge, le niveau de recettes par tête à son niveau observé en début de chaque décennie.

Les évolutions observées des recettes semblent peu liées aux effets propres du vieillissement. En particulier, à partir de la fin des années 1990, les recettes augmentent sensiblement (+ 1,1 point entre 1999 et 2008, et + 1,8 point entre 2008 et 2019) dans un contexte démographique pourtant défavorable qui, spontanément, aurait eu tendance à les faire diminuer.

De fait, le niveau moyen des prélèvements obligatoires servant à financer la protection sociale a largement progressé sur cette période. La hausse des prélèvements a concerné les actifs mais aussi les retraités. Ceux-ci ont davantage été mis à contribution, via la CSG notamment.

Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs France Stratégie.

9. Il serait aujourd’hui plus facile de financer la protection sociale française si nous avions la structure par âge de nos voisins européens.


La structure par âge de la France est l’une des plus défavorables d’Europe lorsqu’il s’agit de financer la protection sociale.

En effet, si la France avait eu, en 2019, la structure par âge de n’importe quel autre pays européen (sauf la Finlande), le solde de la protection sociale aurait été amélioré. Par exemple, si la France avait eu la structure par âge de l’Espagne, le solde de la protection sociale aurait été en 2019 amélioré de 3,1 points de PIB. Au lieu d’être excédentaire de “seulement” 13 milliards d’euros, ce solde l’aurait été de 88 milliards d’euros.

Sources : Comptes de transferts nationaux et Eurostat.
Calculs France Stratégie.

10. Mais le vieillissement à venir d’ici 2040 sera plus rapide chez nombre d’entre eux, notamment dans le sud du l’Europe.


Dans le graphique ci-contre, on place chaque pays en fonction de la part des 20-59 ans et de celle des plus de 60 ans dans la population.

Dans les 20 prochaines années, tous les pays d’Europe vont connaître un vieillissement qui va faire diminuer la part des personnes d’âge actif et augmenter la part des plus de 60 ans (appuyer sur “Play”). La situation démographique va devenir moins favorable au financement de la protection sociale.

La France doit faire face à l’une des situations les moins favorables en 2019. Mais l’aggravation de sa situation au cours des 20 prochaines années devrait être nettement plus faible que celle de nombre de ses voisins, notamment au sud de l’Europe (la position de ces pays change beaucoup plus dans l’animation ci-contre).

Source : Eurostat.

11. Pour notre protection sociale, le défi à venir serait donc encore plus grand si notre population vieillissait au rythme attendu chez de nos voisins.


Supposons qu’en 2019 la pyramide des âges en France soit celle observée en Espagne. Et supposons qu’en 2040, la pyramide des âges en France soit celle attendue en Espagne pour 2040. Quel serait alors l’impact mécanique du vieillissement attendu entre 2019 et 2040 sur nos finances sociales ? C’est à cette question que répond le graphique ci-contre.

Dans les deux tiers des pays européens, le vieillissement de la population sera plus rapide qu’en France. Du coup, si nous devions subir le vieillissement attendu dans ces pays, la pression qu’il exercerait sur nos comptes sociaux serait supérieure à celle à laquelle nous devons nous attendre.

Autrement dit, le défi auquel devrait faire face notre protection sociale serait encore plus grand si le vieillissement de notre population, à horizon 2040, se faisait au rythme attendu en Espagne ou en Italie.

Source : comptes de transferts nationaux et Eurostat.
Calculs : France Stratégie

12. Le défi du vieillissement a été anticipé : l’impact mécanique sur les dépenses de retraites représente 70% de l’impact mécanique global à horizon 2040…


Si en 2019 nous avions eu la structure par âge attendue pour 2040, le solde de la protection sociale aurait été détérioré de 122 milliards d’euros, représentant 5 points de PIB.

Cet effet global peut être décomposé en 102 milliards de dépenses supplémentaires et 20 milliards de recettes en moins. Côté dépenses, ce sont surtout les retraites qui augmentent spontanément sous l’effet du vieillissement = + 87 milliards d’euros. La hausse mécanique des dépenses de retraites représente donc un peu plus de 70% de l’impact mécanique global du vieillissement.

Notons que le vieillissement de la population pousse aussi certaines dépenses à la baisse : si en 2019 nous avions eu la structure par âge attendue pour 2040, les dépenses de prestations familiales se seraient élevées à 39 milliards d’euros contre une dépense réellement observée de 44 milliards d’euros en 2019.

13. …et les réformes décidées depuis 30 ans devraient conduire à stabiliser la part des dépenses de retraites dans le PIB.


Ce graphique reproduit les projections des dépenses de retraites du Conseil d’orientation des retraites (COR). Deux projections sont représentées, correspondant à deux scénarios de croissance de la productivité. Ces projections diffèrent fortement de l’évolution reflétant l’impact mécanique du vieillissement tel qu’on l’a évalué. De fait, les projections du COR intègrent les effets attendus des réformes des retraites déjà décidées. Par contraste, l’évolution “impact mécanique du vieillissement” fait implicitement l’hypothèse qu’à chaque âge, la dépense de retraite par tête évolue comme le PIB par habitant.

Ce graphique montre donc qu’à législation constante, les dépenses moyennes de retraite à âge donné vont évoluer moins vite que le PIB par habitant. Pourquoi ? Parce que les départs effectifs en retraite seront plus tardifs qu’aujourd’hui et que, du fait des règles de calcul des pensions, ces dernières progresseront moins vite que les salaires.