Le financement de la protection sociale repose sur : les cotisations sociales patronales et salariales ; divers impôts et taxes affectés à la protection sociale, dont la contribution sociale généralisée (CSG) représente les six dixièmes ; des contributions publiques versées par l’Etat.
C’est entre 25 et 55 ans qu’on contribue le plus au financement de la protection sociale, notamment via les cotisations sociales qui reposent uniquement sur les revenus du travail.
En 2019, les contributions annuelles au financement de la protection sociale ont été en moyenne de :
19 796 euros pour une personne de 50 ans,
6 409 euros pour une personne de 70 ans.
Cliquez sur le graphique et passez votre souris dessus pour obtenir des informations supplémentaires.
Source : Comptes de transferts nationaux.
Entre 1979 et 2019, la population française a vieilli. On compte moins de personnes entre 4 ans et 32 ans, mais beaucoup plus de personnes de plus de 32 ans.
En particulier, à 70 ans, les effectifs étaient de
453 563 personnes en 1979,
770 244 personnes en 2019
NB : en 1979, on observe deux creux, autour de 37 ans et autour de 62 ans. Ils correspondent aux classes creuses nées, respectivement pendant la Deuxième Guerre mondiale et pendant la Première Guerre mondiale.
Cliquez sur le graphique et passez votre souris dessus pour obtenir des informations supplémentaires.
Source : Insee.
Dans les prochaines décennies, le vieillissement de la population française va se poursuivre.
L’animation ci-contre indique que ce sont surtout les effectifs des plus de 70 ans qui vont beaucoup augmenter (pour lancer l’animation, appuyer sur le bouton “Play”).
On a retenu ici le scénario central des projections démographiques de l’Insee pour les années post 2020. Mais le vieillissement de la population se retrouve dans tous les scénarios démographiques, car il est inscrit dans le passé démographique de la France.
En effet, le vieillissement à venir résulte du remplacement des générations peu nombreuses nées entre les deux guerres par les générations nombreuses du baby-boom. Il est donc la conséquence de changements dans la natalité passée de la France.
Source : Insee.
On simule cette fois ce qu’auraient été les dépenses et les recettes de la protection sociale en 2019 avec la struture par âge observée en France dans le passé, en remontant jusqu’à l’année 1999.
Si, en 2019, la population française avait eu la structure par âge constatée en 1999, les dépenses de la protection sociale auraient été inférieures de 85 milliards d’euros à leur valeur observée, et ses recettes auraient été supérieures de 15 milliards d’euros. Le solde de la protection sociale aurait été donc amélioré de 100 milliards d’euros.
L’amélioration du solde de la protection sociale simulée avec la structure par âge d’il y a 20 ans (animation ci-contre) est du même ordre de grandeur que sa détérioration simulée avec la structure par âge attendue d’ici 20 ans (animation précédente).
Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs
France Stratégie.
Le graphique ci-contre permet de comparer sur quatre décennies l’évolution observée des dépenses de protection sociale et l’impact mécanique sur les dépenses de la déformation de la structure par âge.
L’impact mécanique du vieillissement est estimé en fixant, à chaque âge, le niveau de dépenses par tête à son niveau observé en début de chaque décennie.
Globalement, l’impact mécanique du vieillissement a tendance à se renforcer au fil des décennies. Mais l’évolution des dépenses, dans le passé, n’a pas systématiquement suivi le rythme suggéré par l’effet du seul vieillissement.
Durant la décennie 1980, les dépenses ont crû plus vite que ce que suggère le seul effet vieillissement. C’est le contraire sur la dernière décennie : la croissance de dépenses, importante, a été inférieure à celle suggérée par le seul vieillissement.
Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs
France Stratégie.
On compare ci-contre l’évolution observée des recettes de la protection sociale à l’impact mécanique de la déformation de la structure par âge sur ces recettes. L’impact mécanique du vieillissement sur les recettes est estimé en fixant, à chaque âge, le niveau de recettes par tête à son niveau observé en début de chaque décennie.
Les évolutions observées des recettes semblent peu liées aux effets propres du vieillissement. En particulier, à partir de la fin des années 1990, les recettes augmentent sensiblement (+ 1,1 point entre 1999 et 2008, et + 1,8 point entre 2008 et 2019) dans un contexte démographique pourtant défavorable qui, spontanément, aurait eu tendance à les faire diminuer.
De fait, le niveau moyen des prélèvements obligatoires servant à financer la protection sociale a largement progressé sur cette période. La hausse des prélèvements a concerné les actifs mais aussi les retraités. Ceux-ci ont davantage été mis à contribution, via la CSG notamment.
Sources : Comptes de transferts nationaux et Insee.
Calculs
France Stratégie.
Dans le graphique ci-contre, on place chaque pays en fonction de la part des 20-59 ans et de celle des plus de 60 ans dans la population.
Dans les 20 prochaines années, tous les pays d’Europe vont connaître un vieillissement qui va faire diminuer la part des personnes d’âge actif et augmenter la part des plus de 60 ans (appuyer sur “Play”). La situation démographique va devenir moins favorable au financement de la protection sociale.
La France doit faire face à l’une des situations les moins favorables en 2019. Mais l’aggravation de sa situation au cours des 20 prochaines années devrait être nettement plus faible que celle de nombre de ses voisins, notamment au sud de l’Europe (la position de ces pays change beaucoup plus dans l’animation ci-contre).
Source : Eurostat.
Si en 2019 nous avions eu la structure par âge attendue pour 2040, le solde de la protection sociale aurait été détérioré de 122 milliards d’euros, représentant 5 points de PIB.
Cet effet global peut être décomposé en 102 milliards de dépenses supplémentaires et 20 milliards de recettes en moins. Côté dépenses, ce sont surtout les retraites qui augmentent spontanément sous l’effet du vieillissement = + 87 milliards d’euros. La hausse mécanique des dépenses de retraites représente donc un peu plus de 70% de l’impact mécanique global du vieillissement.
Notons que le vieillissement de la population pousse aussi certaines dépenses à la baisse : si en 2019 nous avions eu la structure par âge attendue pour 2040, les dépenses de prestations familiales se seraient élevées à 39 milliards d’euros contre une dépense réellement observée de 44 milliards d’euros en 2019.
Ce graphique reproduit les projections des dépenses de retraites du Conseil d’orientation des retraites (COR). Deux projections sont représentées, correspondant à deux scénarios de croissance de la productivité. Ces projections diffèrent fortement de l’évolution reflétant l’impact mécanique du vieillissement tel qu’on l’a évalué. De fait, les projections du COR intègrent les effets attendus des réformes des retraites déjà décidées. Par contraste, l’évolution “impact mécanique du vieillissement” fait implicitement l’hypothèse qu’à chaque âge, la dépense de retraite par tête évolue comme le PIB par habitant.
Ce graphique montre donc qu’à législation constante, les dépenses moyennes de retraite à âge donné vont évoluer moins vite que le PIB par habitant. Pourquoi ? Parce que les départs effectifs en retraite seront plus tardifs qu’aujourd’hui et que, du fait des règles de calcul des pensions, ces dernières progresseront moins vite que les salaires.